Suite de Under my umbrella o/

Il semblait s'animer au fur et à mesure de la conversation. Au fur et à mesure qu'elle le tirait lentement vers la lumière. Le genre de personne qu'il fallait prendre par la main direct avant de ne plus pouvoir les ramener. Non, il ne méritait pas qu'on le laisse pourrir dans le noir. Elle n'avait jamais eu vocation de se rendre utile pour le genre humain ,d'être un bon samaritain, de quoi que ce soit à vrai dire. Mais ça n'importe qui connaissant son grade pouvait en juger. On ne devenait pas chef de la team Rocket en distribuant des guimauves aux enfants. Tout le monde avait saigné dans cette histoire, elle la première, et c'était mérité. Ca l'avait rendue aussi cruelle que nécessaire, mais pas sans-coeur. Et plus elle regardait le sourire d'Arka plus elle se disait que non, il n'était pas fait pour déprimer dans son coin. Son air sombre de tout à l'heure n'était plus qu'un mauvais souvenir, seul le temps désastreux pouvait faire écho. Et encore, ils parlaient au dessus de ça, s'appliquant à l'ignorer. Solveig ricana mentalement en se disant que de toutes manières ça ne valait pas la peine qu'on y fasse attention pour le moment. Les jours comme ça avaient deux effets éventuels sur elle. Soit ça la vivifiait, la faisait voir la vie sous un autre angle, la mettait d'humeur excessivement électrique, joyeuse. Elle adorait la pluie, ça lui donnait envie de chanter, de crier au dessus du vacarme, parce que personne ne pouvait l'entendre et personne n'aurait rien à redire. Le monde entier se terrait. Et le monde entier faisait bien. Ca pouvait la survolter comme l'envoyer au fond du trou. L'enfoncer six pieds sous terre et lui donner envie de dormir jusqu'à la fin des temps ou de se déshydrater à force de ne pas réussir à empêcher les gouttes salées de couler sur ses joues. Parce que soit elle regardait la pluie par la fenêtre avec enchantement et sortait joyeusement, soit elle restait à l'intérieur, dépitée, à réfléchir en regardant le monde gris, engourdi et embrumé. Ce qui plombait progressivement son humeur.

Mais en ce moment elle se sentait... bien. Fatiguée, froide, faible, à patauger dans la gadoue du chemin depuis un certain temps, mais plutôt bien. Enfin elle se disait qu'elle avait encore plein de choses à mettre au clair, plein de choses à établir, plein de.. M*rde ! Elle devrait se bouger un peu, pour changer, elle devrait arrêter de faire l'ermite. Et appeler Aries. Son cher Aries. Ses grands yeux innocents lui manquaient, autant sur le sourire solaire de Shana. Autant que.. elle se mordit la lèvre. Autant que la voix de son Leo. Ouais, à vrai dire la brune avait peur que sa mémoire lui aie joué des tours. Comme toujours. Sa mémoire de m*rde. Enfin elle n'était pas non plus à plaindre, sa situation était même enviable dans une ville aussi corrompue que Volibourg. Et pour cause, elle y dirigeait la corruption même. Un truc merveilleux. Et ça l'éclatait tellement, la brune avait même trouvé deux personnes avec qui mettre le bazar à coup sûr. Dont un dans sa ville et un qui viendrait directement si elle l'appelait. Le bonheur. Surtout qu'elle avait réussi à convaincre Arka, pas très sociable au premier abord, de la laisser l'aider au lieu de rester sous la pluie. Mouais, la chef ferait mieux de mettre ses pensées sur off.

- Ca va, tu te sens bien ?

Demanda le jeune homme, l'air inquiet en lui offrant son plus beau sourire. De quoi la motiver à se lancer sérieusement dans ces recherches pour arrêter d'y penser. Il se rapprocha un peu, visiblement concerné. Son interlocutrice retira sa main de sa tempe pour reporter son attention sur lui, un sourire un peu fatigué sur le visage. Un discret " Oh, mon crâne fait l'intéressant." servit de réponse. Elle s'était déjà sentie mieux mais ça n'avait rien de catastrophique. Ils arrivaient maintenant.

- Effectivement, je viens de Johto, d'un petit village nommé Ecorcia. Mais simple question, comme tu l’as dis, tu n’es pas non plus d’ici ? Et, Tu fais comment pour garder ce beau sourire alors que tu vis à Volibourg. Franchement, explique moi ton truc, parce-que la je ne vois pas.

Ecorcia.. ce qu'elle aurait aimé mettre les pieds là bas, ça avait l'air tout calme, tellement reposant comme ville. Et puis la pollution et l'invasion de vermine en moins ne faisait de mal à personne. Enfin il revenait de vraiment loin, cette région n'était pas la porte à côté. Etrange que quelqu'un comme lui aie entrepris un tel voyage spontanément.  Mais Solveig finirait sans doute par le savoir, s'il voulait bien répondre à sa question bien entendu. Comment elle souriait en habitant ici, hein ? C'est vrai qu'à regarder comme ça cette ville immense n'avait rien de joyeuse, d'un environnement porteur et vivifiant. Tout le contraire en fait. Mais il fallait chercher un peu. Gratter des coins de ciel bleu autant que possible. Et ne pas être seul, surtout. Elle avait Scott, Ethos, Sven, ça lui allait très bien. Et puis.. elle taggait des murs, habillait des statues en danseuses pendant la nuit, piratait des lignes de téléphone pour passer des appels anonymes complètement wtf, traumatisait des sbires et des sales c*ns à l'occasion, remplaçait l'eau d'une fontaine par de l'alcool à 90° juste pour se marrer.. ouais, franchement, yavait moyen de garder le sourire ici. Et puis tard le soir, quand il y avait eu du vent pour dissiper les nuages, sur le toit de son appartement... cette ville était magnifiques. Entre les étoiles de la ville et les étoiles du ciel, Solveig se sentait toute petite. Elle se sentait chez elle. Arka regardait à présent la poké ball dans sa main. Il avait bien fait de ne pas laisser son Pokémon dehors vu le temps qu'il faisait, ils seraient tombés malades tous les deux. Levant le bras à la hauteur des yeux de la demoiselle, il reprit la parole.

-Ecoute, je veux bien te dire pourquoi je suis venus à Corleos, mais à l’abri d’accord ? Et au passage, je te parlerai de Hera’, mon compagnon !

Hera.. Héraclès peut être ? Elle se demandait de quel Pokémon il pouvait bien s'agir. Mais sans doute un monstre puissant, peut être de type combat pour lui avoir donné un nom pareil. En tout cas il n'était sans doute pas mal accompagné. Un coup de vent violent vit s'envoler la les cheveux bruns de Solveig. Et le bas de sa robe au passage. Elle se retint de jurer, laissant juste échapper une exclamation de surprise mécontente. La ville les abriterait peut être de cette horreur. Ce qu'elle pouvait être contente d'arriver. Les immeubles modernes à l'air assez peu accueillants se dressaient à présent devant eux. Défiant le ciel gris, immenses, imposants, impérieux. Presque inquiétants. Mais elle ne ralentit pas le pas. Ces immeubles elle les connaissait, et contraindre n'importe qui là dedans de s'agenouiller devant elle n'aurait sans doute rien de difficile. Alors ils pouvaient avoir l'air hautains, ils n'étaient rien. A présent sur le trottoir, croisant des gens pressés et méprisants, elle fit en sorte de marcher plus près du brun pour qu'ils ne se fassent pas séparer par ceux qui avaient le courage ou l'obligation de marcher dehors par un temps pareil. Ce serait bête de le perdre. Elle prit la direction de sa rue. C'était dans l'un des meilleurs quartiers, fallait pas déconner non plus.

" Bien sûr, on est bientôt arrivés de toutes façons. On va se poser, et puis je te passerais un t-shirt trop grand, tu peux pas garder ça.. C'est toujours mieux de papoter au sec. Surtout que j'ai hâte de savoir qui est Hera ~ "

Répondit Solveig d'un air entendu, hochant la tête. En plus avec le tonnerre qui empirait ils allaient avoir du mal à s'entendre. Bref, l'extérieur n'avait pour l'instant rien d'un endroit agréable s'ils avaient à parler. S'ils avaient à faire quoi que ce soit d'ailleurs. Elle réfléchissait déjà. Est-ce que son appartement n'était pas trop en b*rdel en ce moment ? Est-ce qu'elle avait nettoyé son lavabo et rangé le couteau depuis la dernières fois ou est-ce qu'elle avait laissé ça en plan pendant ces trois jours en l'évitant du regard ? Ses avant-bras portaient encore des bandages immaculés qu'elle n'avait pas touchés depuis qu'on les lui avait mis. Il faudrait les changer, en frai. Mais ça n'avait sans doute pas cicatrisé. Est-ce que son pc n'était pas encore sur la table devant le canapé, à prendre toute la place, avec des fiches un peu partout autour ? Est-ce que son armoire était suffisamment ordonnée pour qu'elle le trouve, ce t-shirt ? Est-ce qu'elle avait fermé la fenêtre en partant, en fait ? Pffff.

" Je suis d'Unys, la région est superbe, j'aimerais tellement y retourner quand je prendrais enfin de vraies vacances ! Genre prendre du soleil, et puis chanter avec l'abruti à côté du centre Pokémon de Janusia, sauter d'une cascade ... tout ça ! "

S'exclama-t-elle, radieuse à l'idée de revoir sa région natale. Elle faillit envoyer le parapluie bouler mais retint son mouvement de bras. Heum. Calme ta joie miss. Du moment qu'elle évitait son ancien quartier tout lui allait. Ce serait comme un rêve. Elle tourna un regard presque émerveillé à son interlocuteur. Ils étaient au milieu de sa rue. Elle tourna à gauche pour composer un code et ouvrir la porte de son immeuble, faisait entrer Arka avant elle.

" Je pourrais parler d'Unys pendant des heures, sérieux, faut pas me lancer là dessus tu vas t'ennuyer ~ "

Fit la brune en riant après avoir refermé le parapluie rouge puis la porte. Elle secoua l'objet, répandant des gouttelettes brillantes un peu partout autour d'elles. Rien à fo*tre. Quelqu'un glisserait là dedans, ça serait tant pis pour lui. Ca lui apprendrait, à courir tout le temps. Une fois l'ascenseur arrivé elle appuya sur le numéro du dernier étage. Sa clé était dans sa poche. Elle s'appuya contre l'une des parois de l'habitacle.

" Je parie que t'as cru qu'on serait trempés toute notre vie. "

Souffla Solveig lorqu'ils sortirent de l'ascenseur. Elle tourna la clé et invita Arka à entrer. Bon, ce n'était pas terriblement bien rangé, et elle ferait un tour dans la salle de bains avant de la lui indiquer histoire qu'il ne tombe pas sur son hémoglobine. Cela dit les fenêtres étaient fermées, les volets ouverts, la température agréable. De quoi contenter une personne glacée jusqu'aux os quoi. Laissant tomber son sac sans ménagement, la brune appuya le parapluie contre un mur près de l'entrée pour qu'il sèche à son rythme avant de libérer Ethos et Logos de leurs poké-ball. Ils ne prenaient pas tant de place que ça de toutes manières. Celle d'une personne de plus pour le renard d'1m60 environs, et la danseuse.. une enfant, tout au plus. Le Zoroark sursauta, tournant un regard méfiant vers Arka, son pelage sombre se hérissant immédiatement. Mais la Rocket coupa le grondement menaçant qu'il n'aurait pas manqué de faire entendre. La Kirlia, pour sa part, sautillait vers la chambre de sa dresseuse, curieuse de découvrir l'appartement et nullement perturbée par l'inconnu. Elle avait sans doute perçu l'absence d'animosité dans la pièce. Un truc comme ça, ses cornes étaient de vrais radars à émotions. D'une main elle s'interposa entre son monstre et le vagabond.

" T'es mignon Ethos, mais lui fais pas peur, c'est un ami. Ces deux là c'est mon équipe actuelle. Ethos; garde du corps motivé et mon soleil personnel, et la fée sautillante c'est Logos. "

Dit la brune en s'adressant d'abord à son Pokémon puis à son 'invité', un sourire un peu sarcastique sur le visage lorsqu'elle donna les caractéristiques de ses deux Pokémon. Le pire dans tout ça c'est qu'elle les aimait comme ça. Presque immédiatement, Ethos pointa ses oreilles en avant, se redressant. Il fit mine de tapoter l'épaule d'Arka de sa patte griffue avant d'aller se pelotonner sur le canapé le plus large. Elle essayait désespérément de l'empêcher de squatter son lit et d'y mettre des poils partout. Chose qui fonctionnait une fois sur deux.

" Mais je t'en prie, assied toi, visite ou va chercher du chocolat dans la cuisine.. t'auras deviné ce que je pense des bonnes manières, Arka."

Continua la demoiselle en lui souriant. Elle pensait que pour le coup, c'était inutile d'en user. Franchement, ce n'était pas le moment. Ca allait les mettre mal à l'aise tous les deux. Elle alla s'assoir sur la première chaise venue après en avoir tirée une pour le brun et commença à défaire ses lacets.